4 déc. 2011

Interview Laurent Galmot /// support BDVD

Interview de Laurent Galmot - 2006 "Presque 6 ans après ; analyse d'un Flop..."
Depuis 2 ans, la société Seven 7 travaille sur l’édition d’un nouveau produit associant un livre et un DVD. Nous évoquions récemment dans nos pages la sortie de La Coccinelle de Gotlib. Laurent Galmot (ex-directeur de collection chez Vents d’Ouest, Casterman et Dargaud) est le maître d’oeuvre de ces BDVD.



Pourquoi avoir associé deux supports aussi différents que le livre et le DVD ?



Le livre reste un objet dont on peut tomber amoureux, que l’on peut garder et dont on peut se servir souvent. Le livre reste dans l’univers des gens. Le DVD, lui, a quelque chose de volatile et qui va bientôt être téléchargé et piratable. Il apporte toute la part du cinéma, c’est-à-dire le son qui me manque dans le livre et puis une certaine interactivité ou un certain jeu que je n’ai pas eu jusqu’à maintenant dans le livre. Donc en associant différents plaisirs, on se dit qu’on pourrait avoir une vision cinématographique d’un univers graphique de bandes dessinées ou de littérature. Nous créons un nouvel objet qui serait plutôt dans les bibliothèques et dans le salon des gens, qui pourrait aller sur l’ordinateur, qui, de plus, est un objet de loisir pour découvrir aussi sur les écrans des images et notamment la bande dessinée. C’est vraiment superbe de regarder des dessins sur grand écran.


Quel public visez-vous ?
Nous espérons amener des gens aux livres par l’intermédiaire de leur écran de télé. Aujourd’hui beaucoup de personnes, parce qu’ils ont peu de temps, parce qu’ils sont très fatigués de leur journée, communiquent culturellement uniquement par leur écran de télé. Donc nous cherchons à séduire par l’intermédiaire du DVD des spectateurs qui ne lisent pas ou peu. Pour les lecteurs de bande dessinée, nous proposons des inédits en audiovisuel. Le BDVD est un objet grand public proposé à un tarif attractif avec un maximum d’éléments sur les deux supports.
Laurent Galmot : "Le BDVD garde la qualité du trait et laisse, comme une BD, une place à l'imagination du spectateur"
"Thorgal, 
entre les faux Dieux"

Faire un BDVD sur une bande dessinée déjà existante, 
est-ce une contrainte ou une aide ?

L’adaptabilité du scénario est un des premiers critères. Thorgal était intéressant parce que le héros perd la mémoire, se dédouble, parce que Jolan est vieux dans une certaine vie mais jeune dans une autre, etc. Grzegorz Rosinski et Jean Van Hamme nous font confiance et nous permettent d’adapter leur travail, de "tripatouiller" légèrement et du coup ouvrir de nouveaux horizons. En bande dessinée, les auteurs sont obligés de donner des renseignements aux lecteurs, comme "pendant ce temps-là, il se passe cela". Nous, notre travail va justement de ne pas faire de "pendant ce temps-là", de laisser le lecteur sur une voie réaliste où il va se dire "tiens, il se passe ça ", mais il ne sait pas ce qui se passe ailleurs ou alors il va l’apprendre peut-être déformé par une tierce personne. Tout cela nous permet d’avoir une nouvelle lecture des albums de Thorgal. Aujourd’hui, à peu près un tiers des acheteurs de BDVD n’ont pas d’albums de l’auteur chez eux et du coup ils découvrent l’univers vraiment comme un film sous le regard de différentes personnes. Effectivement, la personne qui connaît déjà tous les Thorgal aura moins de surprise. Le BDVD offre aussi au niveau du dessin beaucoup plus de possibilités et de profondeur de champ. Dans le premier Thorgal (Entre Les Faux Dieux), nous avons été tellement respectueux du dessin que nous n’avons touché à rien. C’est Grzegorz Rosinski et Jean Van Hamme qui nous ont dit : "mais allez-y, détachez les personnages du fond, jouez avec un décor, et déplacez les personnages, etc." Donc nous allons certainement aller plus loin dans le dessin de Rosinski dans le 2° tome qui paraîtra à l’automne.


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